• Notre journée de samedi a été un véritable voyage dans le temps. Un voyage dans le futur tout d’abord, dans le quartier moderne d’Obaida, construit sur des terres gagnées sur le Pacifique, dans la baie de Tokyo. Nous y avons d’abord visité le Miraikan, le musée des sciences de l’innovation. Ce musée propose de poser des questions sur notre rapport aux nouvelles technologies plutôt que de fournir des réponses. Un questionnement tant scientifique que philosophique invité le visiteur à questionner son rapport au monde par les sens, facilement trompeurs, à redéfinir l’humain face à des robots capables de danser ou de marquer un but : passées les premières minutes de sidération et mal à l’aise face à ces machines on se surprend en effet à les considérer avec une certaine empathie. Une section du musée montre également les effets du réchauffement climatique sur la température, la concentration de CO2 sur les dernières années. Une exposition temporaire permet également de se prendre pour un politicien et de faire voter virtuellement des mesures pour la préservation de l’environnement en se confrontant aux réactions des électeurs : un exercice stimulant.

Nous sommes ensuite allés déjeuner dans le centre commercial de Palette Town, le Venus Fort: sa décoration reprend celle d’un palais Renaissance italien, avec fontaine ornée d’une Vénus, et le plafond représente un ciel qui change de couleur au fil de la journée. Beaucoup d’élèves ( et d’adultes) ont choisi de manger rapidement pour faire un peu de shopping, par exemple au Donguri Store: un magasin franchisé qui propose des produits dérivés des Studio Ghibli!

Deuxième exposition de la journée, nous visitons le Teamlab. Il s’agit d’une mise en scène artistique et futuriste qui utilise des projections lumineuses pour immerger le visiteur dans un monde onirique : fleurs de sakura, fontaines, procession traditionnelle… A l’étage, on peut déambuler au milieu de ballons colorés, faire du toboggan sur des projections de fruits, colorier des fleurs qui une fois scannées sont mélangées aux projections… Un enchantement, dont tout le monde sort ravi.

Il est temps d’aller dans le quartier préféré des adolescents tokyoites (et donc des nôtres) : retour au présent à Harajuku, et plus précisément Takeshita Road, la rue des vêtements pour jeunes, et des crêpes sucrées ! Nos élèves apprécient leur temps libre et découvrent les joies de la détaxe grâce à leur passeport.

Notre voyage dans le temps nous ramène finalement à l’époque d’Edo le temps d’une soirée au théâtre national pour un spectacle de bunraku ( marionnettes). Le décor représente un village sous la neige, qui se met vraiment à tomber sur scène. Les marionnettes sont manoeuvrees par des artistes tout en noir, jusqu’au visage qui est dissimulé. Très vite on oublie leur existence pour ne voir que les marionnettes. Le personnage du vieillard qui cherche désespérément son fils, qui s’est enfui avec sa maîtresse, tombe à deux reprises dans la neige avec un réalisme stupéfiant. Une estrade, sur le droite, est occupée par le récitant et le joueur de shamisen. Des audioguides en anglais nous permettent de suivre l’intrigue, racontée en japonais archaïque : pas facile pour autant, avec notre fatigue et notre inexpérience, de suivre… Dès la fin du spectacle, le présent reprend le dessus : les mascottes du théâtre viennent faire un câlin et des photos avec les élèves et distribuent des autocollants à leur effigie.

Il est temps de rentrer à l’hôtel dormir…

Mais c’est notre dernière soirée à Tokyo, et les élèves finement inspirés envoient Alexandre qui a repris sa casquette de délégué en délégation auprès des professeurs: il négocie habilement une petite virée pour les volontaires à Itabashi à la librairie Book Off. Après les achats, m. Giroux nous emmène dans un lieu magique qui semble tout droit sorti d’un animé de Miyazaki : un salon de thé minuscule dans une vieille maison envahie par le lierre. Nous buvons un thé vert confortablement installés à la table kotatsu, chauffante, pendant que le chat rayé de la maison nous observe. Nous finissons la soirée dans une salle de jeux Sega où nous testons le photomaton sensé embellir les Japonais en faisant de grands yeux à tout le monde, des jeux de tambour, et des élèves parviennent même à gagner une grosse peluche Pompompurin!

C’est sûr, nous rentrons un peu tard… Mais on est pas à Tokyo tous les soirs, non?